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14/01/2014

"Qui leur racontera Jésus ?"

 Réflexion d'Anne Josnin (enseignante) à partir de "l'ignorance sans nom d'élèves de l'enseignement catholique sur la vie de Jésus" : 

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A l’occasion du cours sur l’art, j’ai fait, une fois de plus, de trop, le révoltant constat de l’ignorance sans nom de mes élèves (enseignement catholique) concernant la vie de Jésus : sur une centaine de 'terminales', dont beaucoup catéchisés dès le primaire, seuls deux ou trois savaient qui est saint Pierre (comme indistinctement disciple ou apôtre ; je ne dis même pas chef de l’Eglise, ni Simon frère d’André : non mais allô quoi...) Voici ce que cela m’a inspiré, sous formes de pistes.

 

Tout d’abord, il me semble qu’il serait utile de faire le point sur la connaissance des fondamentaux – Evangiles, sacrements, voire histoire et actualité de l’Eglise – dans la population catéchisée, comme on procède pour les autres savoirs dans l’Education nationale et au niveau international, (en mathématiques par exemple). Non dans le but d’évaluer, mettre une note, sanctionner : mais dans un souci de vérité.

Les catéchistes devraient pouvoir s’approprier cet outil, et enfin chaque catéchumène, afin de savoir où il en est. De fait nous avons affaire à des groupes hétérogènes, que ce soit en paroisse ou à l’école, selon l’histoire de chacun. Cette hétérogénéité est une richesse, dans la mesure où elle est connue, et donc peut être accueillie. Ne pas prendre les moyens de savoir n’a jamais été une vertu pour les chrétiens, même si de l’extérieur on pourrait parfois le laisser croire.

Je ne parlei ici que de la découverte-appropriation de l’Evangile, pas de l’initiation aux sacrements.

Si nous pouvons, selon notre mode propre nous inspirer de l’Education nationale pour savoir d’où nous partons, ensuite – la catéchèse n’étant pas matière scolaire mais bien évangélisation – il est temps de larguer les amarres des pédagogies qu’elle pratique, sans discuter ici de leur (non)pertinence : les catéchistes ne sont pas des professeurs (ou doivent laisser tomber la blouse), mais des témoins, disciples de Jésus.

Cela libérerait les jeunes aussi du rôle qu’ils jouent dans une classe : il n’y a pas de cancre ni de premier de classe, mais des enfants en attente légitime d’aimer et d’être aimés. Si la famille est Eglise domestique, le plus doux visage de l’Eglise pour chacun, et plus encore en ces temps troublés, c’est la famille. Pas la classe.

Or que fait de mieux une maman, un papa, si ce n’est raconter ? Raconter grand-père et grand-mère, les bêtises de l’oncle Jules et les jeux d’hier, et puis les contes pour s’endormir. Il n’est pas besoin de diplôme ni de niveau culturel pour cela : c’est un savoir universel. Nous pouvons tous raconter, comme écouter.

C’est aussi et d’abord ce qu’a fait Jésus. Sur les genoux de Marie et Joseph, il a appris à écouter, puis à raconter à son tour, officiellement à ses douze ans, le jour de sa Bar Mitzvah. Or le modèle du catéchiste, c’est Jésus. Si les foules le suivaient, c’est qu’il captivait chacun par une Parole accessible et forte à la fois.

On retrouve là cette tradition de l'oralité, tellement méprisée de nos élites pensantes mais qui subsiste à la marge de nos sociétés – que ce soit dans l’intimité des familles ou dans nos banlieues, avec le slam, le rap, où l’on se raconte entre jeunes, mais aussi avec les prêches des musulmans ou des évangéliques.

Nous avons beaucoup progressé dans la (re)découverte des vertus de la tradition orale, dans laquelle Jésus baignait. Les écrits hébreux ont ceci d’exceptionnel que, ne comportant que des consonnes, ils ne deviennent compréhensibles que lus à voix haute, lorsque le souffle vient donner vie très concrètement avec l’ajout des voyelles, ce qui ne se peut que si le lecteur-souffleur a déjà entendu le passage. Les rouleaux des textes saints sont davantage supports pour la tradition orale, dans le contexte tourmenté d’un petit peuple qui a connu l’exode précipité, que véhicules d’une tradition écrite.

On sait ainsi que, dans la tradition orale, on mémorise avec le corps tout entier (d’où les balancements, ce que l’on retrouve dans le slam et le rap, modernes poésies où le rythme structure le verbe), on use de refrains (ces kérygmes dont notre jeune curé à Saint-Omer parle avec bonheur, je pense, en sont ?), on ponctue de mots et d’expressions qui découpent en chapelets réguliers de phrases les récits ainsi facilement mémorisables,….

Même les analphabètes, et ils sont nombreux en France !!, ont accès à ce qui est raconté. Et ils sont souvent les premiers à retenir et comprendre, en champions de la survie dans notre monde de l’écrit. Ils feraient peut-être même les meilleurs catéchistes. Sans doute aussi les chrétiens non-occidentaux, qui ont gardé ce trésor de la tradition orale. Enfin il est à rappeler que nos jeunes, s’ils baignent dans une société de l’écrit, ne lisent pas. Où, pour une minorité, à la dérobée des adultes. Le système les a dégoûtés de la lecture. C’est ainsi.

Il est urgent de raconter Jésus, comme Jésus racontait, à ceux qui sont en demande en venant au caté !! Apprendre, à son écoute, à parler à notre tour aussi en paraboles afin que tous comprennent, chacun à son niveau !

Retrouver cette simplicité première, quitte à laisser tomber même tables et chaises, pour se retrouver assis en rond autour de celui qui raconte. Et interroger, nous laisser interroger, comme on voit dans les Evangiles. Retrouver l’essentiel : nous faire porteurs de la Parole. C’est à la fois très simple, non discriminant et très exigeant, au sens où on ne peut se cacher derrière des techniques, savoirs ou savoir-faire savants, qui laissent le cœur vide, mais qu’on ne peut transmettre que ce que l’on s’est soi-même approprié. Autrement dit, cela seul qui est attendu du catéchiste, c’est de s’être imprégné, par la méditation-rumination, de la Parole. D’avoir donc commencé par écouter. N’est-ce pas ainsi que procédaient les premières communautés chrétiennes, par cet enseignement en cascade ? Dénuement des moyens, pour laisser toute place au feu du cœur. Si nous ne le faisons, qui le fera ? 


Anne Josnin

 

Commentaires

Bonjour Anne.

> A mon avis vous regardez "l'enseignement" catéchétique sous l'angle de "l'enseignante de l'Education nationale"; c'est-à-dire sous un angle bon gré mal gré performantiel alors que le Christ est une aventure personnelle, une rencontre.
Je suis un "recommençant" depuis 2002, confirmé à Joué-lès-Tours en 2003 par André Vingt-Trois. Et si j'ose dire, ça n'est pas tombé du ciel, mais bien du Ciel, par un Baptiste qui m'a pris là ou j'en étais, pour progresser à mon rythme, et finalement devenir mon parrain.
Je crois que vous ne devriez pas vous inquiéter tant des "restes" d'un "contenu" de l'enseignement catéchétique que du pourquoi ils se réunissent en aumônerie, pourquoi ils sont dans l'enseignement catholique. Avoir au moins le besoin du groupe d'aumônerie pour se retrouver entre-eux, je crois que ce n'est déjà pas si mal, et c'est là que vous pourrez les "trouver", et eux vous "rencontrer" en toute simplicité.
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Écrit par : christophe b / | 14/01/2014

FONDAMENTAL

> L'ignorance des profs de l'enseignement catho sur la vie de Jésus et selle aussi consternante.

La formation des catéchistes est fondamentale.
en est-on toujours aux panneaux, aux déclarations "la haine c'est pas bien" et autres niaiseries ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 14/01/2014

DEUX OBJECTIONS

> Hé, oui...
Malheureusement, je vois d'emblée deux objections...
Faire le point sur les connaissances ? De très nombreux catéchistes répondront que, justement, les connaissances, ça n'a aucune importance (et donc, il n'y a rien d'étonnant à ce que les jeunes même catéchisés n'en aient aucune.)
J'ai été catéchisé de longues années (années 80) par de braves dames pour qui les sacrements, les prières, on n'en parlait jamais: c'était un truc de tradi. La Bible ? On parlait d'Abraham et de Moïse parce que tant qu'on peut parler de messieurs barbus qui disent "allez bouge tes miches et fais ce que tu n'avais pas envie de faire, ça va". Ensuite on parlait de Jésus. On en parlait comme d'un monsieur venu fonder une association caritative à laquelle seule de très méchants petits enfants très égoïstes d'Occident - que nous étions - pouvaient refuser d'adhérer.
On rabâchait pendant trois mois, autour de l'Evangile de la multiplication des pains, comment c'était bien de partager avec les pauvres et très mal de ne pas le faire: monsieur Jésus il fait les gros yeux à ceux qui ne partagent pas. Alors vous allez partager, sales petits égoïstes et ça tombe bien, voici le carême qui arrive: fini les bonbons !
Par la suite ces braves catéchistes s'étonnaient que les enfants n'eussent acquis aucune culture religieuse, aucun sens de la continuité de la promesse ni de l'amour de Dieu.
Elles sont encore en activité. Je n'ose pas aller leur dire : "Vous n'avez jamais prononcé le mot amour de Dieu. C'était interdit, c'était trop tradi. Vous n'avez jamais parlé de rencontre du croyant avec le Dieu fait homme. Vous nous avez juste sommés de rejoindre un Super-CCFD-Secours-Catholique vide de toute spiritualité, de tout divin, et aussi de tout amour. Vous avez dédaigné de raconter dans quelle histoire divine et humaine s'inscrivait la venue du Christ, tant était grande votre désir d'éradiquer tout ce qui 'ne servait à rien pour s'occuper des pauvres'... même l'importance de la messe nous échappait, sauf quand il fallait y apporter nos panneaux avec nos Abraham coloriés au stabilo boss..."
Bref, avant de faire le point, il faudra déjà se demander quelles connaissances sont importantes, et il n'y aura pas consensus.
Et le même phénomène se reproduira à l'étape suivante.
Raconter ?
On m'a beaucoup raconté l'histoire de Jésus. Mais toujours la même. On rabâchait les trois ou quatre mêmes évangiles, ceux qui permettent de conclure que le chrétien, c'est quelqu'un qui va affronter la misère du monde, motivé à coups de pied dans le derrière, et jusqu'à s'y détruire (vision de ces personnes engagées, ces religieuses, ces bénévoles qui professaient non le don, mais le déni et le mépris de soi, seul moteur efficace du don à l'autre, selon eux); se colleter à la noirceur du monde, en association déprimée par l'ampleur de la tâche, aride, sans amour, sans souffle. Dieu comme un regard de garde-chiourme dans son dos, non comme une lumière vers laquelle on marche et fait marcher le monde.
'Si nous ne le faisons'... mais avant, il faudra savoir quoi faire.
Car, au grand dam de mes parents, ce catéchisme que j'ai vécu, il a vidé les églises. Mais c'est normal : il enseignait lui-même que ce n'était pas très important d'y aller.

Sinon, hier soir, nous animions un groupe de catéchèse de préparation au baptême. Cinq familles... à peine une semblait comprendre pourquoi cela pouvait être intéressant, lorsqu'on fait baptiser un enfant, de se demander comment on se représente Dieu.
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Écrit par : Phylloscopus / | 14/01/2014

POURQUOI

> "Si nous ne le faisons, qui le fera ?"
C'est qui "nous" ?
"nous" ne peut enseigner que si "nous" sait.
Si "nous" ne sait pas, qui ?
Pourquoi autrefois tout le monde savait qui était St Pierre et plus maintenant ?
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Écrit par : HH / | 14/01/2014

CONSTAT

> Ce constat pose surtout la question de la qualité de la catéchèse en France.
Qu'on ne s'étonne pas que la foi ne se transmette plus si la catéchèse est bâclée, or c'est bien ce qu'elle est.
La solution est pourtant fort simple : revenir à un enseignement clair, sans équivoque, et libre de toute idéologie pédagogique contemporraine. Certes, le but ultime de la catéchèse est de faire que le catéchisé rencontre Jésus. Mais cela passe d'abord par l'apprentissage de la foi de l'Église. On n'aime que ce qu'on connaît. Nul ne peut donc aimer Dieu s'il ne le connaît pas.

Pour ma part, j'accompagne un Nigérian qui demande le baptême. Mes outils pour le former sont la Bible et le CEC. Bien sûr, il y a aussi des discussions spirituelles, des conseils sur la vie de prière, etc. mais la première chose à viser, c'est l'apprentissage de la foi catholique car on ne construit durablement que sur le roc.

Xavier


[ PP à Xavier - C'est exactement ce que dit Anne Josnin. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Xavier / | 14/01/2014

OUI, ANNE

> Oui, Anne, et je vois que nous avons les mêmes références sur les Ecritures. L'urgence est de retrouver leur force. Elles avaient été débarrassée des tournures à petit doigt en l'air après Vatican II, mais on les a re-polluées avec la mentalité que Phylloscopus raconte. Il faut retourner au "cœur nucléaire de la foi" comme disait Benoît XVI, "cœur du message" comme dit François. Donc aussi nettoyer le catholicisme de son image de sous-parti politique de droite, image niaiseuse et nuisible qui ridiculise la religion et brouille l'essentiel.
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Écrit par : Joanna Lardy / | 14/01/2014

ANECDOTE

> Que oui! Car si la foi est une relation avec la Trinité qui peut prendre des forme multiples, il y a une histoire du salut et une adhésion à un certain "contenu" qu'il faut bien recevoir à un moment ou un autre sous peine de partir dans le vide, qui doit donc nous être transmis.

Notre génération, enfin, la mienne, a une responsabilité accablante dans le désastre que signale Anne. Et parfois par suffisance.

Une triste, choquante même, anecdote remontant à 8 jours:
dans une petite préfecture d'un petit département ou l'Eglise est particulièrement sinistrée, réunion de l'équipe liturgique de la paroisse. La discussion vient sur le Diable. Une participante (environ 70 ans) pontifie qu'il n'existe pas, la preuve en étant qu'elle-même ne commet pas de péché (oui, vous avez bien lu!).
Mon amie objecte en se référant aux Pères de l'Eglise. Et le prêtre présent (environ 70 ans lui aussi) de la réduire au silence en expliquant que les Pères, c'est du passé, qu'ils n'ont rien à nous apprendre.
Alors ne nous étonnons pas de l'inculture religieuse totale des petits enfants de cette génération.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/01/2014

@ Phylloscopus

> Avez-vous eu droit vous aussi à Love, Lioubov, Amour, des Poppys comme chant de "caté" ?

http://www.parolesmania.com/paroles_les_poppys_65873/paroles_love,_lioubov,_amour_1127643.html
ce que c'était con !
et on s'étonne que quand un pape commence à dire que foi n'exclut pas rigueur, que les bonnes paroles ne suffisent pas mais qu'il faut agir, que la foi n'est pas un courant dépendant du Romantisme,
des gens qui se croyaient chrétiens décrochent ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 14/01/2014

Mon cher Phylloscopus,

> j'ai un vilain défaut, je suis désespérément optimiste, même pour ces braves catéchistes qui nous en ont fait voir de toutes les couleurs ( de stabilos oui!!)

@ HH:

> excusez-moi je n'ai pas bien compris le sens de votre question. Si vous pouvez m'expliquer? Par "nous" j'entendais moi et vous, lecteurs de ce blog, ces catholiques chanceux qui savons qui est saint Pierre.

@ Christophe B:

> Votre témoignage me réjouit: alléluia!
Je suis si peu dans une démarche de performance je crois que je milite contre le système de notation au lycée, contre le système de compétition et pour la pratique de l'entraide. Avec une progression personnalisée, oui vous avez raison, où chacun ait un programme d'objectifs concrets à atteindre.
On s'inscrit à l'aumônerie, au caté, pas tant pour acquérir des connaissances (dans certains établissements il y a la culture religieuse pour cela, concept intéressant), que pour vivre comme membre d'une communauté qui n'est rien moins que le Corps du Christ.
Or nous sommes liés par la Foi, non pas seulement à nos contemporains, copains de caté et de paroisse, mais à l'ensemble des croyants qui convergent tous vers Jésus. Si le lien à nos contemporains passe par la pratique joyeuse, rayonnante de la Charité, -"ah qu'il est doux pour des frères, de demeurer ensemble,..."-, le lien à Jésus et à la grande procession des saints passe par le récit, récit qui devient actualité performatrice dans le mystère eucharistique.
C'est ce récit-là, lieu de la grâce aussi, s'il est soufflé par l'Esprit-Saint, qu'il est indispensable de connaître par le coeur. D'où la question: "tu en es où dans la connaissance-appropriation de l'Histoire Sainte?" C'est cela que j'appelle faire le point. Connaître pour croire, et pour cela commencer par faire le point sur l'étendue de notre ignorance.
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Écrit par : Anne Josnin / | 14/01/2014

@ Xavier

> J'y pense! il existe aussi un catéchisme pour adultes des évêques de France. Quel rôle joue-t-il dans la catéchèse aujourd'hui? l'utilisez-vous de pair avec le CEC?
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Écrit par : Blaise / | 14/01/2014

Anne,

> je suis très heureuse de lire vos propos et y adhère à 100%. Je pratique le récit oral depuis longtemps dans mes cours et, lorsque je rencontre des anciens élèves après plusieurs années, ils me disent presque systématiquement: "C'était bien quand vous nous racontiez..."
C'est un art (il faut jouer de toutes les ressources de la langue, du langage physique et de la voix...) mais qui s'apprend et apporte beaucoup de plaisir. Je raconte l'histoire, les grands textes fondateurs et la Bible en particulier tout en faisant passer nombre messages sur la vie. Les élèves en sont touchés et les problèmes de discipline bien diminués.
J'enseigne dans le public mais je m'occupe aussi du groupe d’aumônerie des collégiens de la paroisse. Lors de notre dernière rencontre, je leur ai raconté l'histoire de Tobie (une heure!). Ils ont décidé de la monter en pièce de théâtre! (Je vais adapter la pièce, presque inconnue,de Claudel.) En éducation (scolaire ou catéchétique), il faut viser haut et parler à tout l'être (intelligence, sens, esprit), tout en étant vigilant pour rester soi-même imprégnée de la Parole, de la Présence et de la Beauté. Merci encore de cette contribution à un site que j'apprécie même si j'y interviens peu (maladie génétique de plusieurs enfants etc...).
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Écrit par : marie-ange / | 14/01/2014

@ E. Levavasseur

> non, mais à des trucs tout aussi dégoulinants de niaiserie. Le pire étant que cette rhétorique cuculiforme emballait un discours, en réalité, fondamentalement culpabilisant (ex: "Vous êtes nés en France où on a beaucoup à manger, trop à manger même. On peut en avoir un peu honte, quand même." A un groupe de CE2... c'était une faute d'être né ici et pas là...)
et il fallait expier ce péché, d'être né gras Occidental trop nourri, par un engagement de tous les instants : mais un engagement qui devait être dur, ennuyeux, punitif en quelque sorte et surtout pas animé par un Amour vivifiant.
Pour autant, la foi n'est pas une matière scolaire, ni une discipline d'intellectuels réservée à une caste d'érudits, alors comment éviter les alternatives pernicieuses, les oppositions entre pôles qui ne devraient pas s'opposer ?
La foi chrétienne, c'est à la fois un Donné universel, et divin, et une rencontre personnelle avec le Christ; et ce n'est ni une adhésion raisonnée à une charte de bonne conduite, ni une petite tambouille personnelle, un Dieu que chacun se fabriquerait à sa mesure, bien conforme à nos désirs, dans le secret de l'intimité.
Comment parler de la nécessité de connaître sans passer pour un liberticide professeur de foi labellisée HQC (Haute Qualité Chrétienne) ? Comment convaincre que les connaissances s'articulent avec une rencontre en simplicité avec un Dieu d'humilité, nullement réservé à quelques Docteurs ?
Et enfin, comment convaincre que "tout cela" est nécessaire et ne distrairait pas d'un "vrai message de l'Evangile" qui se réduirait à un service humanitaire écrasant et culpabilisant ?

Lorsque cette génération m'objecte : "Quoi, quoi, toutes vos c... ies [la prière, l'amour du Christ, etc] ça passe avant le service des pauvres ? et ben lâchez un peu votre CEC et relisez l'Evangile", je ne brandis pas le CEC, et, dans l'Evangile, je vois beaucoup d'amour de la part du Christ : un Christ qui pleure, qui prie, et qui ne broie pas les gens sous une culpabilisation mortifère... Mais j'ai l'impression qu'on ne m'écoute pas.
(Je parle, naturellement, des murs auxquels mon environnement personnel m'amène à me trouver confronté. Je ne doute pas qu'il en existe de symétriques tout aussi pesants "en face", du côté de ce "sous-parti politique de droite" évoqué plus haut.)
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Écrit par : Phylloscopus / | 14/01/2014

POPPYS

> Ah non, on ne dit pas de mal des Poppys !
Certains de ces gamins chantaient merveilleusement bien, et il y a de superbes chansons !
(Mais qui n'ont rien à faire au caté, évidemment, je vous l'accorde !)

Franchement, je fonds...
http://www.youtube.com/watch?v=RUf0S79TuBY
Toute mon enfance (les 45 tours de papa...)
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Écrit par : PMalo / | 14/01/2014

LA TRANSMISSION PARENTALE

> Je ne peux pas dire que mon catéchisme "officiel" m'ait paru, même avec le recul, aussi stérile que celui que décrit Phylloscopus ; j'en ai gardé un souvenir très lumineux, qui ne m'a pas fait abandonner la Foi, bien au contraire.

Mais honnêtement je dois reconnaître le rôle majeur qu'a joué pour moi la transmission parentale. Parfois déléguée à un certain nombre de très jolis albums tels que "... et Il a vécu parmi nous" de Pierre Thivollier. Ou l'autorisation de regarder le "Jésus de Nazareth" de Zeffirelli, alors régulièrement diffusé sur les chaînes publiques à l'approche de Pâques (fort improbable aujourd'hui !), et qui m'avait fort marqué.

En ce sens, je partage entièrement l'avis d'Anne Josnin : les enfants *adorent* qu'on leur raconte des histoires. J'ajoute que cela vaut aussi pour l'Histoire en tant que matière scolaire (mais cette méthode - très pédagogique pour le coup - est fort mal perçue des inspecteurs d'académie...)

Sur le plan de la pédagogie justement, je dois dire que nos frères protestants sont particulièrement efficaces, et savent proposer aux enfants des petits livrets très ludiques, mais toujours articulés autour de l'Ecriture. Il faut voir aussi le succès mérité des mangas édités chez BLF, que je trouve à la fois fort attrayants et très complets (parfois trop, certains passages auraient besoin de mise en contexte), même si évidemment certains points peuvent faire sourciller (Marie qui accouche des frères de Jésus, etc.) De ce point de vue, la BD catholique ne manque pas non plus de bons auteurs.

Bref, pas plus que l'école ne saurait se substituer aux parents en matière d'éducation, le catéchisme paroissial ne dispense du discours chrétien à la maison (suivi des actes !) Alors, osons les histoires saintes à lire ou à faire lire en famille !

@christophe b :

> Vous avez raison de dire que la rencontre personnelle avec le Christ est essentielle, mais ça n'enlève en rien la nécessité de semer les graines au plus tôt, en soignant bien la terre et le semis. La rencontre n'en sera que plus féconde.
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Écrit par : Albert Christophe / | 14/01/2014

DANS MA PAROISSE

> Je vous fais part d'une initiative de ma paroisse qui rencontre pas mal de succès : un dimanche par mois, il est proposé un Eveil à la Foi pour les 3-6 ans, suivi de la messe. Pendant ce temps, les parents sont pris en charge pour un "Réveil de la Foi" qui leur permet d'aborder toutes sortes de questions (et en effet oui, du niveau "qui est saint Pierre... quand ce n'est pas qui est Marie !).
Ils savent qu'ils peuvent y parler sans honte ni inquiétude du jugement des autres, surtout qu'ils en sont tous au même point !
Il faut multiplier ce genre de propositions vers les jeunes parents, au moins autant que vers les ados : si les parents sont à l'aise avec les récits bibliques et les dogmes principaux de leur Foi, leurs enfants le seront aussi, même avec des catéchistes plus préoccupés par les coloriages au stabilo que par la vie de Jésus ! ;)
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Écrit par : Isabelle L. / | 14/01/2014

@ Levavasseur et PMalo:

> Ayant suivi vos liens et cherché un peu sur ces "Poppys" (des "Pavots", donc), j'ai réalisé qu'ils avaient aussi chanté -joliment, c'est vrai-- "Il faut une fleur pour faire le monde" (http://www.youtube.com/watch?v=0RYRU6Wh0vw)
Flower Power à fond !

À 7 ans, je trouvais déjà cette chanson débile ; heureusement, on n'y a eu droit qu'en primaire, pas au catéchisme ! Je préfère encore celle-ci :
http://www.youtube.com/watch?v=V9Po8lSIKww
On vous la chantait au caté, pendant l'Avent ?
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Écrit par : Albert Christophe / | 14/01/2014

BLOG

> Tiens, la dernière note (dessinée) du blog de Boulet renvoie assurément à un catéchisme mal digéré...

http://www.bouletcorp.com

Écrit par : Feld / | 14/01/2014

LIBRE ARBITRE

> L’Eglise catholique, c’est l’Eglise des « nations ». On le voit bien au travers du processus d’inculturation de fêtes d’origine païenne telles par exemple Noël ou les Pâques. On ne voit pas qu’il y ait eu inculturation de fêtes juives du juif Jésus, telles la fête des pains sans levain, le jour des expiations, la fête des tabernacles, fêtes dont le sens est pourtant particulièrement illuminé suite à l’incarnation du Logos. Le phénomène d’inculturation constaté répond aux lois dites de Noé et destinées aux nations contre la loi plus spécifique de Moïse pour le peuple Hébreu, le tout étant en phase avec la promesse faite par le DIEU trine à Abram devenu Abraham. Sur ces points, la circoncision de Timothée par l’apôtre Paul lui-même, la décision du premier concile de Jérusalem de « ne pas forcer les païens à judaïser » (il n’a jamais été question de « forcer les juifs à ne plus judaïser », c’était le comportement des juifs convertis de ne pas vouloir fréquenter les « incirconcis » qui était en cause), la discussion entre Saint Polycarpe disciple de Saint Jean et Anicet au sujet de la date du 14 nisan pour la Pâque, sont évocateurs. En précisant que ces affaires de loi ne justifient en aucune manière les observants, elles ont une autre vocation. Le salut n’est qu’une affaire de grâce, les « antiques » bénéficiant en quelque sorte par anticipation, des conséquences de la passion à venir de Jésus.

L’Ecole de la Torah du Maître Juif et Verbe incarné Jésus, depuis le troisième siècle de notre ère, sous le coup de la force des circonstances providentielles, s’est focalisée sur les nations. Et pour cause, la nation juive n’existant plus. L’extinction de la face juive de l’Eglise, qualifiée de « drame et de péché » par le cardinal Lustiger dans son ouvrage « l’Alliance », n’est en rien le résultat de mauvaises intentions, mais tout simplement celui du poids des réalités temporelles. Ces réalités sont, d’un côté le drame terrifiant vécu par la nation juive, sous les coups particulièrement cruels de l’empire romain en réponse à l’épisode de Bar Kochba en 135 (Jérusalem rasée, changement de nom de la ville, interdiction au retour des juifs sous peine de mort), et de l’autre l’influence grandissante de l’empire romain, au point que les 8 premiers conciles œcuméniques ont été convoqués par les empereurs. Ensuite, le phénomène d’habitude a fait son œuvre.
Le magistère de l’Eglise est pragmatique dans son comportement, il va à l’essentiel, il ne se disperse pas, il ne traite que des affaires à l’ordre du jour, aussi par exemple, les recherches théologiques n’engagent que les théologiens, tant que l’Eglise ne juge pas de l’opportunité de les valider.

Mais depuis 1948, à l’occasion des bouleversements géopolitiques de fin XIX et début XX siècle, aboutissant notamment à l’éclatement de l’empire Ottoman, les juifs sont réorganisés en nation, sur leur terre ancestrale après une longue période d’exil, exil dont la durée est d’ailleurs curieusement concomitante à celle constatée depuis l’effacement de « l’Eglise de Jacques ». La résolution 181 de l’ONU de novembre 1948 proposait un partage géographique, accepté difficilement par les juifs et rejeté par les arabes ; de la guerre qui s’ensuivit, le royaume de transjordanie annexa, avec l’appui de la Grande-Bretagne, la Judée-Samarie dénommée ultérieurement Cisjordanie, ainsi que Jérusalem-est, puis changea son nom en Jordanie.

La vocation universelle de l’Eglise est bien d’annoncer la bonne nouvelle au monde entier, c’est-à-dire à l’ensemble des nations constituées. Maintenant que les juifs sont réorganisés en nation, il est bien évident que l’Eglise, qui est rappelons-le l’Ecole Juive de la Torah selon le maître juif Jésus, va sans doute être amenée à revitaliser « l’Eglise de Jacques ». A vue humaine, une revitalisation d’envergure est impossible, pour la tradition juive le salut étant chez eux par les œuvres au travers de la réincarnation, l’incarnation de DIEU, qui plus est trine, leur paraissant idolâtrique et blasphématoire. Hors le témoignage direct d’Henoc et d’Elie, on voit mal comment la reconnaissance de Jésus pourrait se faire. Et si une telle opération devait se réaliser, cela peut signifier un changement complet du visage de l’Eglise, le peuple juif étant aussi, comme les baptisés dans la foi, un « peuple de rois et de sacrificateurs ». Et si ce peuple, réorganisé en nation, retrouve sa place de leader dans la foi au maître de la Torah et Verbe incarné Jésus, qu’en sera-t-il des jours du Vatican à Rome, sans que cela nuise au volet de « l’Eglise des nations » qui lui demeurera sous les lois de Noé.

Pour le croyant qui récite le rosaire, des événements peu courants ne le rebutent pas. Dans ses interrogations, notamment sur le plan eschatologique, Il s’appuie sur la position officielle du magistère qui veille tant à l’égarement qu’à l’incrédulité. Aussi, au sujet du retour de Jésus avant le jugement dernier, on remarquera que le magistère en condamne la visibilité de son engagement sur terre, il invite à la prudence sur la durée millénaire annoncée. Une expérience d’ailleurs un peu semblable mais limitée à un peuple, a déjà eu lieu avec l’épopée de Moïse. Après un premier acte de visibilité générale de la puissance de DIEU sous forme de manifestations impressionnantes (colonne de nuée et de feu, etc.), celle-ci bien que devenant plus discrète (voir les deux pierres de l’éphod), n’en a pas moins continué à perdurer. On remarquera que cette manifestation antique, n’a en aucune manière porté atteinte au libre-arbitre des Hébreux, lequel n’a pas manqué de s’exprimer par des actions hostiles, dont notamment le fameux épisode de la révolte des dix explorateurs sur les douze envoyés en territoire de Canaan. Etrange parallèle avec l’épopée annoncée du second avènement du Sauveur, où les hommes, à nouveaux ne manqueront pas de repartir dans leurs chers errements, au point que leur libre-arbitre en exprimant un ardent désir, il n’y aura plus d’autre solution que de les « abandonner à la tentation », en libérant le Tentateur, momentanément réduit au silence. La preuve par neuf sera ainsi faite, que l’homme n’a pas besoin du diable pour pécher, et le diable ne pourra plus se plaindre que les hommes lui mettent tout sur le dos, puisqu’il aura été neutralisé pendant un temps.

Etranges parallèles entre l’événement antique de Moïse limité à un peuple, et le retour du Christ dans une dimension cette fois-ci universelle.
Le royaume de DIEU est déjà à l’œuvre, d’ailleurs de toute antiquité. Des anges sont à la tête des nations, la communion des saints avec Jésus est une réalité objective dans le but de faciliter le salut à une créature humaine, peu accommodante. Les actions de cette gouvernance, tant sur le plan individuel que collectif, s’exprimant au travers de la providence. Le chantage au libre-arbitre des créatures perverses- le fameux « il est interdit d’interdire » qui vient de très loin -, provoquant le Créateur dans sa probité (quand il donne, il donne ; il a donné le libre-arbitre, il ne le retire pas. Certains en profitent honteusement, ils oublient ou feignent d’oublier que cela n’aura qu’un temps), amène le désastre du « mystère d’iniquité ». Mais comment faire autrement, sauf à supprimer le libre-arbitre ?
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Écrit par : jean / | 15/01/2014

@ phylloscopus

> si au moins ce cuculiforme avait été callipyge !

"Love ! c'était son nom !"
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Écrit par : E Levavasseur / | 15/01/2014

Merci, Anne, pour cette réflexion.

> Mais au fond, qu'est-ce que le caté ? Est-ce le lieu de la rencontre avec Jésus ? Ou est-ce le lieu de la transmission des connaissances autour de la Foi ?

Difficile de tenir les deux bouts et pourtant il le faut !

Si je me réfère à mon histoire personnelle, pleine de stabylos, de collages, de découpages, de chants un peu niais et de bols de riz imposés par l'émotionnellement correct ("vous n'êtes pas obligés, les enfants, mais ça permet de récolter des fonds pour les enfants africains qui meurent de faim") : je crois qu'on a appris dans les années 80 à transmettre des connaissances de base concernant l'Ancien Testament. Il y a certainement un effort à faire pour le relier au Nouveau. Surtout, ce qui était totalement absent, c'était l'expérience et l'apprentissage de la prière : temps de silence, de recueillement, prières apprises par coeur etc... C'est triste à dire, mais le grand absent de mon caté, c'était... Jésus

En même temps, ne nous y trompons pas, il n'y a pas de culture, pas d'époque, où la transmission de la Foi se fait facilement. S'il y a une génération qui ne croit pas au diable aujourd'hui, c'est bien que la précédente n'a pas su/voulu être crédible là-dessus !
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Écrit par : Dgeni / | 15/01/2014

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